schizophasia

De la schizothymie à la schizophasie

Mercredi 16 novembre 2011 à 20:38

Je ne sais pas à quel point ton silence dit vrai, détacher la simulation et tous les artifices, te coiffer au poteau des illusions. La musique tourne doucement, si faiblement, je ne crois pas qu'elle existe, et je ne sais pas si tu es une réalité. Tu n'es que des mots, une ombre dans la nuit, parfois, la silhouette du malaise, je baisse les yeux, la tête, j'aimerais baisser le corps entier, abdiquer enfin, et je ne sais plus sur quel pied mourir : cela a toujours été ainsi. T'en souviens-tu ? L'as-tu jamais su ?

Je ne sais pas qui tu es. Le malade, le brumeux. Je ne peux penser à toi sans méfiance, je ne peux te parler sans ces défenses qui impliquent des attaques à répétition, doucement, des coups lancinants, je ne sais plus m'arrêter, on s'est déformé, le comprends-tu ?

Il est trop tard à jamais. Pourtant . J'ai l'impression que tu sais me faire venir. Puis regretter. On jouera éternellement au chat et à la souris. Les rôles changent, voilà tout. 

Je n'ai pas envie de t'insulter. Pas encore, peut-être.

Ouvriras-tu une bouteille près de l'eau, à nouveau ? 

Lundi 14 novembre 2011 à 21:45

Les guitares crachent et suintent et chuintent, le vernis s'écaille : je ferai craquer ta carapace, au creux d'une de ses nuits trop sombres où l'espace et le temps se diluent au fil des verres, à la vapeur des fumées. Je te surprendrai dans une allée, quand tu sortiras prendre cette fameuse respiration nécessaire à tout bon noctambule qui se respecte. Tu te croiras seule avec ta cigarette, bol d'air tabagique, et l'heure des songes grimaçants aura sonné. Et si, et si. Et s'il était là, le prince charmant.
Il n'y aura que moi.

Tu pourras pleurer, hurler, te donner. De la façon qui te semblera convenir. Je prendrai tout. 

Mardi 8 novembre 2011 à 10:28

Il y avait le cliquetis infâme de ses ongles qui brouillaient les pistes. Du fond de mon obscurité, je tentais de percer les voiles pour t'observer. Le temps d'une respiration, donnez-moi seulement un coup d'oeil, un aperçu. La vie comme pixelisée, lorsque ton absence étale son ombre sur le monde entier.
Il me disait toujours : "ne te retourne pas si tu te sens trop seule, tu ne trouveras que ton ombre derrière toi".

Ô Eurydice, comme je te comprends, comme j'aurais voulu apaiser tes nuits, après cette funeste erreur. Si humaine. 
Il s'agissait seulement de s'assurer du bonheur, que dis-je, du strict minimum, celui-là même qui est vital. 

Orphée est parti  à jamais, alors. Nous l'avons perdu.

Samedi 5 novembre 2011 à 14:59

La lumière crève et je renoue avec mes vieux compagnons. Bouteille à la main, je supplie l'inspiration de venir m'emplir de sa légèreté. 
Mais je reste sans bruit, étonnamment seule, une trêve dans la fureur, le brouillard au creux du coeur, attendant que le monde reparte. Un moment d'errance où je fuis la compagnie, la froideur du carrelage sous mes pieds, le sang qui gicle et gicle, qui n'en finit pas de gicler.

Finira-t-il de gicler, un beau jour où les ombres n'existeront plus ? 

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