schizophasia

De la schizothymie à la schizophasie

Samedi 24 septembre 2011 à 17:54

Tu sondais mon âme, tu sondais les abîmes, songeais-tu à l'enfer, bouche trop sombre, proche et obscur lointain ? Je voulais ce moment, je l'avais choisi, et le subissais comme une épreuve d'un amour fatigué d'être sans cesse questionné.
Pour la première fois, je nous sentais salis. 
Je détournais les yeux, les râles rauques, la voix perchée du silence qui hurle, étouffer les cris et les gémissements, écraser les écueils de la respiration, anéantir la preuve auditive de ces ébats honteux.
La tête penchée, je fixai un point noir pour ne pas pleurer.

Jeudi 22 septembre 2011 à 13:34

Et dans cet appartement, comme pour combler la distance, ils s'offrent l'un à l'autre. Les coeurs bouillis, les fronts pressés, et les frottements répétitifs. Comme si cela pouvait changer quelque chose. Commencer par "le supporteras-tu?" et terminer par "ne m'appelle pas". Entre-deux, un moment d'errance, un moment d'espoir, le souvenir d'une entente, de quelque chose en commun. L'illusion de la fusion. Ce n'est toujours qu'une question de centimètres, après tout. Une poignée. Trois fois rien.

Elle est sortie blême de l'appartement rouge, vide de ses affaires envolées et qu'elle avait rangées dans la solitude et des dizaines de cartons, elle est sortie dans le jour cru, et dans la grisaille du rer, je me souviens qu'elle pleurait.

Comprenant que ça n'avait rien changé. Plus distants que jamais, désormais. Cela ne suffisait pas. Son corps n'avait pas suffi, ne suffirait plus. Et si c'était elle, tout entière, qui ne l'était pas ? 

Dimanche 18 septembre 2011 à 12:16

Il faudrait, comme dans les films, un voyage en train sur un coup de tête, beaucoup de chance et aussi un coup de pouce du hasard, la trouver là, il ferait orage, des trombes et des trombes d'eau, et puis sur la plage, tout serait désert, il n'y aurait que le vieux tas de bois mouillé. Alors, nous irions en riant nous réfugier dans un bar, hallucinés l'un comme l'autre, moi de la trouver là, elle de me voir ici, et puis nous boirions.
Ensuite, ce serait le lendemain, et le soleil brillerait. La caméra aurait dormi et oublié de dire la peur, les doutes, les galères de thune et le train du matin, le quotidien qui s'abat lorsque tombe la rosée, le poids de l'ordinaire, les cernes au coin de yeux. 

Il faudrait parfois l'aide du cinéma pour faire oublier que la vie n'est certainement pas un film, et que nous ne sommes pas qu'un jeu. Je crois que je mise toujours beaucoup trop. Il pourrait s'avérer, avec la sagesse éphémère des petits matins blancs, que ce soit une erreur. 


Samedi 17 septembre 2011 à 11:10

Entérinons l'amour, enterrons-le.  J'ai entendu dire que. Des voix, la clameur du matin, le petit jour assassin. Quand la clarté revient avec son lot d'ennuis, quand le voile de la nuit n'est plus efficace contre la palpable réalité des angoisses. Ce n'est plus un rêve, le doute n'a plus lieu d'être, il faut faire face. Ou alors, rester sous la couette, s'enfermer et refuser de bouger, se couper du monde, couteau à la main, et faire ce que la terreur de soi dicte de faire. 
Trembler comme le ciel laiteux avant un orage, si seulement. Tout est trop calme, trop paisible. Le ciel se rit de moi. Même le soleil se moque et se cache, et chaque nuage a la forme de toi. 

Jusque là, je ne bouge pas. 

Vendredi 16 septembre 2011 à 19:00

Les rêves entrechoqués où elle repousse ma main, mon corps tout entier, les rêve où une autre se bouscule contre les parois verrées de mes souvenirs, clic, clac, les talons sur le bitume et la pluie au dehors, il fait chaud pourtant, où es-tu ? 
La solitude du soir qui tombe, les échos chauves et grimaçants, déserte, la nuit menace et s'infiltre, où es-tu ?
Quoi de plus rassurant que le brouhaha des bistrots, les pantalons sales et les rires gras ? Ne pas pleurer au 8ème verre, ne pas s'enfuir. Pourrons-nous jouer encore à être des ombres? 
Le froufrou des étoiles a-t-il jamais existé ?

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