schizophasia

De la schizothymie à la schizophasie

Dimanche 16 octobre 2011 à 15:01

Les enclumes avalées, il s'agissait de se taire et d'attendre l'atterrissage. Il regardait les autres, à travers les vaporeuses humeurs de ses yeux, tout son être diffusait une étrange chaleur, et la tablée des jeunes demoiselles en rut lui balançait des coups d'oeil arrondis, ricaneurs, affutés, en coin.
Il se contentait de sourire, guettant le moment où son corps le trahirait. Le froid, doucement, à partir des extrémités de son corps.
Les rires des filles, leurs cheveux jetés épileptiquement, leur désarticulation au rythme de la musique.
Il sortit une clope. 
Il ne restait qu'à attendre, maintenant.

Lundi 3 octobre 2011 à 11:20

Elle a pris mes rêves, ma raison, mes élans, mes envies, elle a détruit l'espoir, disséminé mes nuits, dissout mes projets, embué mon avenir, elle a fait pousser un cri dans ma vie, il y a des années de cela, que je ne finis pas d'entendre et qui étouffe les sens, chaque nuit.

Samedi 24 septembre 2011 à 17:54

Tu sondais mon âme, tu sondais les abîmes, songeais-tu à l'enfer, bouche trop sombre, proche et obscur lointain ? Je voulais ce moment, je l'avais choisi, et le subissais comme une épreuve d'un amour fatigué d'être sans cesse questionné.
Pour la première fois, je nous sentais salis. 
Je détournais les yeux, les râles rauques, la voix perchée du silence qui hurle, étouffer les cris et les gémissements, écraser les écueils de la respiration, anéantir la preuve auditive de ces ébats honteux.
La tête penchée, je fixai un point noir pour ne pas pleurer.

Jeudi 22 septembre 2011 à 13:34

Et dans cet appartement, comme pour combler la distance, ils s'offrent l'un à l'autre. Les coeurs bouillis, les fronts pressés, et les frottements répétitifs. Comme si cela pouvait changer quelque chose. Commencer par "le supporteras-tu?" et terminer par "ne m'appelle pas". Entre-deux, un moment d'errance, un moment d'espoir, le souvenir d'une entente, de quelque chose en commun. L'illusion de la fusion. Ce n'est toujours qu'une question de centimètres, après tout. Une poignée. Trois fois rien.

Elle est sortie blême de l'appartement rouge, vide de ses affaires envolées et qu'elle avait rangées dans la solitude et des dizaines de cartons, elle est sortie dans le jour cru, et dans la grisaille du rer, je me souviens qu'elle pleurait.

Comprenant que ça n'avait rien changé. Plus distants que jamais, désormais. Cela ne suffisait pas. Son corps n'avait pas suffi, ne suffirait plus. Et si c'était elle, tout entière, qui ne l'était pas ? 

Dimanche 18 septembre 2011 à 12:16

Il faudrait, comme dans les films, un voyage en train sur un coup de tête, beaucoup de chance et aussi un coup de pouce du hasard, la trouver là, il ferait orage, des trombes et des trombes d'eau, et puis sur la plage, tout serait désert, il n'y aurait que le vieux tas de bois mouillé. Alors, nous irions en riant nous réfugier dans un bar, hallucinés l'un comme l'autre, moi de la trouver là, elle de me voir ici, et puis nous boirions.
Ensuite, ce serait le lendemain, et le soleil brillerait. La caméra aurait dormi et oublié de dire la peur, les doutes, les galères de thune et le train du matin, le quotidien qui s'abat lorsque tombe la rosée, le poids de l'ordinaire, les cernes au coin de yeux. 

Il faudrait parfois l'aide du cinéma pour faire oublier que la vie n'est certainement pas un film, et que nous ne sommes pas qu'un jeu. Je crois que je mise toujours beaucoup trop. Il pourrait s'avérer, avec la sagesse éphémère des petits matins blancs, que ce soit une erreur. 


<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | Page suivante >>

Créer un podcast